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today08/05/2025
Le système universitaire québécois traverse une crise financière sans précédent, illustrée par un désintérêt croissant des étudiants étrangers, qui menace d’obérer les objectifs d’admission fixés par le gouvernement. Alors que plusieurs universités annoncent des déficits accablants pour l’année budgétaire à venir, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, assure que les établissements disposent des ressources nécessaires pour surmonter ces difficultés.
En effet, dans une déclaration récente, Christian Blanchette, président du conseil d’administration du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), a averti que les universités « font présentement des acrobaties pour tenter d’équilibrer leur budget ». Ce tumulte financier, qui n’était qu’une lointaine aberration il y a à peine deux ans, découle principalement de deux décisions gouvernementales majeures : le gel des investissements dans le réseau universitaire et l’établissement de quotas limitant le nombre d’étudiants étrangers.
Certaines institutions, comme l’Université du Québec à Montréal (UQAM), affirment avoir réussi à équilibrer leur budget malgré un contexte économique incertain, en espérant une hausse des inscriptions pour l’automne prochain. D’autres, comme l’Université Laval, se contraignent à réduire leurs dépenses et à faire des choix difficiles. En revanche, l’Université McGill anticipe une baisse des inscriptions de 10 % pour les étudiants internationaux en première année, une situation qui risquerait d’engendrer des pertes de revenus considérables.
La crise qui s’installe est d’autant plus alarmante que les nouvelles restrictions imposées par le gouvernement Legault laissent présager une chute significative des demandes d’admission d’étudiants internationaux. Selon des données récentes du BCI, les candidatures ont dégringolé de 43 % par rapport à l’année dernière, avec des baisses allant jusqu’à 60 % dans certaines universités francophones. Cette nouvelle réalité pourrait entraîner une diminution des inscriptions réelles de 20 à 30 %.
Martin Maltais, président de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (Acfas), soulève des préoccupations quant à la qualité des demandes d’admission, mettant en avant les incertitudes qui pèsent sur la capacité des établissements à attirer des étudiants internationaux.
La ministre Déry, bien que consciente des défis à venir, maintient que les universités ont les moyens de s’adapter, arguant que le financement alloué ces dernières années dépasse les besoins d’une population étudiante en constante évolution. Son cabinet souligne que les actions visées par le gouvernement, loin d’être une entrave, visent à stabiliser le secteur en corrigeant une croissance désordonnée des inscriptions.
Face à cette tempête financière, les experts en éducation appellent à une stratégie de repositionnement international urgente pour le réseau universitaire québécois. Une initiative qui, selon eux, devrait être soutenue par un leadership gouvernemental fort afin d’enrayer cette chute dramatique et de rétablir la bonne réputation des universités du Québec sur la scène mondiale.
Alors que le débat autour de la planification de l’immigration pourrait prendre un tournant décisif, les établissements devront redoubler d’efforts pour reconstruire leur attractivité. Un véritable défi, à quelques mois seulement du début de la saison de recrutement pour septembre 2025.
Écrit par: Danielle Adjagboni
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