Un Montréalais s’exprime sur le profilage racial vécu lors d’un contrôle routier.

Jeff Emmanuel Guervil, un jeune homme de 23 ans de Montréal, accuse des agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de profilage racial et d’usage excessif de la force lors d’un contrôle routier qu’il considère injustifié.

Alors qu’il se dirigeait vers son entraînement de football à Montréal-Nord, Jeff Guervil a été arrêté sans raison apparente. « Je ne faisais pas d’excès de vitesse ». « J’ai passé le feu vert, donc j’étais bien », a-t-il expliqué. L’agent de police a demandé à voir son permis de conduire, ce à quoi Guervil a répondu en fournissant une lettre de la SAAQ, confirmant qu’il était autorisé à conduire malgré des problèmes de mise à jour.

« L’agent a déclaré que la lettre était fausse », se souvient-il. C’est à ce moment que la situation a dégénéré. Plusieurs policiers sont intervenus, menottant Guervil avec une telle force qu’il a perdu la sensation dans ses mains. La scène, filmée par sa mère, a suscité de vives inquiétudes quant à l’utilisation de la force policière.

Les agents ont alors accusé Guervil d’obstruction et lui ont infligé une contravention de plus de 1000 $, assortie de points d’inaptitude. Sa mère, Sheila Dragon, a également été sanctionnée, recevant une amende de 50 $ pour ne pas avoir été sur le trottoir.

Fo Niemi, directeur exécutif du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), s’inquiète du traitement réservé à Guervil. « C’est une bonne personne, il est calme et a de bonnes valeurs familiales », témoigne-t-il. La crainte de Sheila Dragon est palpable : une accusation criminelle pourrait compromettre le rêve de son fils de devenir footballeur professionnel.

Peu après l’incident, la SAAQ a envoyé une lettre à la fourrière, indiquant que la saisie de la voiture de Guervil était injustifiée et qu’elle renonçait à tous les frais de récupération. Malgré cela, Jeff devra comparaître au tribunal en novembre.

« Nous allons commencer à déposer des plaintes auprès du commissaire à la déontologie policière et de la Commission des droits de la personne du Québec », a indiqué M. Niemi, soulignant la nécessité d’une enquête rigoureuse sur cette affaire.

Guervil, quant à lui, exprime son désir de mettre un terme à de tels événements. « Je ne veux pas que cette situation se reproduise à l’avenir pour d’autres personnes à Montréal-Nord ». « C’est quelque chose qui se produit souvent et nous voulons que cela cesse. »

Cette affaire soulève des questions cruciales sur le profilage racial et le traitement des citoyens par la police à Montréal.