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Sport. La grande épopée du père de Félix Auger-Aliassime

today31/08/2022

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L’histoire de Sam Aliassime en est une de résilience et de passion

Sam Aliassime
Sam Aliassime avec qui Le Journal s’est entretenu dans les coulisses du Us Open lundi.

Entre M. Aliassime et le tennis, il existe une histoire d’amour qui dure depuis toujours. Pourtant, dans son Togo natal, c’est le soccer qui fait généralement vibrer les cœurs.

« En Afrique, on était une famille bizarre parce qu’on jouait au tennis, a-t-il raconté au Journal. J’ai pratiqué le soccer, mais je n’étais pas terrible. Quand j’ai compris que je ne me rendrais pas loin, je me suis reconverti au tennis. »

Il a bien pensé faire carrière avec sa raquette. Comme joueur, évidemment. Ça n’a pas marché, mais il a fait sa marque autrement.

Car, quelque quatre décennies plus tard, voilà que M. Aliassime est propriétaire de l’académie qui porte son nom, au Club Avantage de Québec. Et il est aussi (ou surtout ?) le père de Félix, le huitième joueur au monde, qu’il a entraîné jusqu’à ses 14 ans.

L’histoire de Sam Aliassime en est une de résilience et de passion. À son arrivée au Québec, il y a 26 ans, rien ne laissait présager qu’il réussirait à se tailler une place dans cette discipline.

Entraîneur au Togo, il a proposé son aide aux fédérations québécoises et canadiennes dans ses premières années au pays, a-t-il dit. Son offre a été refusée.

Pourtant, quand il a survolé Montréal pour la première fois, M. Aliassime croyait avoir trouvé chaussure à son pied.

« C’était l’après-midi, a-t-il expliqué. Depuis le hublot, j’ai vu les terrains du Stade Jarry. Aussitôt que l’on a atterri, je les ai cherchés partout. »

M. Aliassime et son fils Félix, lors des Fêtes en 2016.

M. Aliassime et son fils Félix, lors des Fêtes en 2016.

Entraîneur dans les parcs

Petit à petit, le Québécois d’adoption a découvert que ses nouveaux compatriotes pratiquaient également le tennis dans les parcs.

Pendant que son épouse de l’époque était au travail, il s’y rendait raquette à la main, sa petite Malika dans sa poussette. C’est là qu’il a commencé à donner gratuitement des leçons aux jeunes du parc Henri-Julien, dans l’arrondissement montréalais d’Ahuntsic-Cartierville.

« C’est pour ça qu’aujourd’hui, je ne dirai jamais non à un enfant. À mon académie, si tu veux jouer, tu as ta place », a-t-il affirmé.

Son talent est venu aux oreilles d’une joueuse, qui lui a demandé s’il pouvait la remplacer à Longueuil, où elle donnait des leçons, pendant qu’elle serait en vacances.

À Québec malgré lui

Depuis, Sam Aliassime n’a jamais cessé d’entraîner. Son chemin l’a aussi fait passer par Repentigny, avant qu’il n’aboutisse à Québec pour redresser un club en difficulté.

« Je suis arrivé à Québec malgré moi. Je ne voulais pas y aller. À l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’immigrants », a-t-il souligné.

« Je savais que mes patrons étaient plutôt cheaps. Je leur ai dit : “Je peux y aller si vous me donnez 5000 $ de plus, parce que ma femme n’aura pas de travail, et j’ai mes deux enfants.” »

Mais ses patrons ont accepté, et, petit à petit, le père de Félix s’est installé à Québec. Une ville qu’il ne quitterait plus aujourd’hui, a-t-il lancé en souriant.

C’est là qu’il a commencé à entraîner plus sérieusement son cadet. Et qu’il s’est mis à travailler avec Jacques Hérisset et Jacques Bordeleau, avant que ceux-ci ne lui vendent leur académie, il y a quatre ans.

En achetant l’école de tennis, l’entraîneur voulait y implanter sa mentalité. La même qu’il a inculquée à son fils avant que celui-ci ne parte pour le Centre national d’entraînement de Montréal, à 14 ans.

« Je voulais amener une nouvelle vision, viser plus haut, a-t-il expliqué. Je voulais aussi faire sortir les joueurs, les faire jouer à l’international. »

Félix Auger-Aliassime lors de son match de lundi à Flushing Meadows.

Félix Auger-Aliassime lors de son match de lundi à Flushing Meadows.

Des projets et de la fierté

Aujourd’hui, l’Académie Aliassime accueille non seulement des joueurs locaux, mais également de l’étranger. Heureux de la structure qu’il a mise en place, il croit qu’elle pourrait lui survivre s’il décidait de s’impliquer dans de nouveaux projets.

Car des idées, il en a plein la tête. Il veut redonner, heureux et fier du chemin qu’il a parcouru. Il se rendra en Afrique en octobre, afin de mettre sur pied un projet qu’il appelle Team Africa, qui a pour but de soutenir des joueurs du continent jusqu’à l’université.

Un plan auquel Félix pourrait d’ailleurs contribuer financièrement quand il sera lancé, car il « y croit beaucoup », a pointé M. Aliassime.

« Chaque fois que je fais un projet, il embarque. Quand il a acheté sa maison en France, il m’a dit qu’il y avait beaucoup de chambres et que c’était pour mes jeunes [de l’Académie], s’ils en avaient besoin », a souligné fièrement le paternel.

DE RETOUR PAR LA GRANDE PORTE

Quand Félix avait 14 ans, son père, Sam Aliassime, voulait qu’il assiste au US Open. Pour qu’il voie les meilleurs joueurs en action, dans l’espoir qu’ils l’inspirent dans l’atteinte de l’objectif qu’ils s’étaient tous deux fixé.

Un matin, M. Aliassime est parti du New Jersey dans le but d’arriver à la billetterie à 5 h. Celle-ci n’ouvrait qu’à 9 h, mais il préférait ne prendre aucun risque.

Sauf qu’à sa grande surprise, il y avait déjà une longue file d’amateurs qui attendaient eux aussi l’ouverture. Et quand il est finalement arrivé au guichet, vers midi, une autre mauvaise nouvelle le guettait.

« Les billets qui restaient coûtaient 250 $, raconte-t-il. Et moi à ce moment, je ne travaillais plus. Mon club venait de fermer. Alors je me suis dit : “OK, je me sacrifie, je vais acheter des billets pour mes deux enfants”. »

Mais il s’est promis une chose : la prochaine fois qu’il assisterait aux Internationaux des États-Unis, quelqu’un allait lui ouvrir la porte et le conduire à sa place.

Deux ans plus tard, Félix remportait le titre chez les juniors à Flushing Meadows.

« Là, on a eu un super accueil en finale. Ils nous ont ouvert la porte ! »

Papa en vacances

Cette fois aussi, Sam Aliassime est entré par la grande porte, avec au cou son accréditation sur laquelle on lit : « Accompagnateur de Félix Auger-Aliassime ».

Il est en vacances à New York, après un été intense à entraîner les jeunes de son académie.

Mais quand on est aussi passionné de tennis, difficile de se tenir loin des terrains. Surtout quand c’est notre propre fils qui s’y entraîne.

Le Journal a donc croisé M. Aliassime samedi dernier. Accoudé sur l’une des rambardes des escaliers qui mènent aux gradins, il observait son tout premier protégé pendant que celui-ci frappait des balles.

Sam Aliassime affirme donc être ici « comme papa et comme coach ». Car analyser en hauteur les pratiques de Félix lui permet d’avoir une perspective différente de celle de son entraîneur, Frédéric Fontang.

« Moi je me place plus haut et je vois des trucs qu’on ne perçoit pas sur le terrain. Je partage ma vision avec Fred et ça nous permet de garder un œil sur la progression de Félix. »

Pas de raccourcis

Et comment elle va, justement, cette progression du sixième favori à New York ? Car papa a toujours été clair : il croit aux chances de son fils de remporter un Grand Chelem, d’être un jour numéro 1 au monde.

« Il progresse bien. Il fait les choses à son rythme. Mais je suis très content », affirme Sam Aliassime.

« Mon souhait, c’est que lorsqu’on fera le bilan à la fin de sa carrière, il soit bien. Boris Becker, il a gagné Roland-Garros à 17 ans et aujourd’hui, il est en prison. Parce que parfois, quand on veut trop, on prend des raccourcis. »

« Ce n’est pas bon. Lorsque ça viendra [les titres et le premier rang], c’est que ce sera le bon moment. »

Source: Journal du Québec

Written by: C2D

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