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TROC RADIO L’accent afro-canadien
today27/07/2022
En 30 ans, on a vu une évolution importante et, dans tous les cas, c’est une diminution [de la pratique]
, affirme Gilles Routhier, professeur de théologie à l’Université Laval et supérieur général au Séminaire de Québec.
Tous les indicateurs sont rouges au sein du clergé québécois : le nombre de prêtres, de religieuses, de fidèles, d’institutions et la santé des finances de l’Église.
Selon Statistique Canada, environ la moitié (51 %) des catholiques de 15 ans et plus au Québec participaient à des activités religieuses au moins une fois par mois en 1985. De 2017 à 2019, ce taux avait diminué de moitié (26 %).
L’abbé Pierre Gingras, curé responsable de la paroisse Notre-Dame-de-Foy à Québec, est à même de le constater. Il a fermé au cours de sa carrière trois églises, dont Saint-Jean-Baptiste, en 2015, classée exceptionnelle par le ministère de la Culture. Il sait qu’il en fermera d’autres.
C’est dramatique. Je trouve ça triste
, déplore le curé.
Il y a six églises au sein de sa paroisse, mais juste assez de fidèles pour n’en remplir qu’une seule. Les nouveaux arrivants, qui représentent le tiers des adeptes, permettent toutefois d’en garder quelques-unes ouvertes.
Leur apport est si important qu’une messe est célébrée en espagnol tous les samedis soirs. Une en portugais sera aussi bientôt offerte. C’est sans compter la messe aux saveurs africaines présentée une fois par mois.
Selon Gilles Routier, l’accélération du décrochage
s’est faite à partir des années 1980.
L’église a joué un rôle de suppléance, explique-t-il.
Inévitablement, elle définit un nombre de normes morales chez les Québécois. Certains curés dictent même aux familles comment agir à l’intérieur de leur maison et de leur chambre à coucher.
L’État a repris ses responsabilités entre les années 1960 et 1980. Des Québécois ont alors voulu rompre avec leur passé et s’affranchir de la paternité
de l’Église.
« Il y a, au Québec, un ressentiment, sinon une haine du catholicisme. […] Les Québécois ont encore des comptes à régler avec l’Église. »
L’abbé Pierre Gingras remarque d’ailleurs que ce sont particulièrement les baby-boomers qui ont déserté les églises. On voit majoritairement des personnes âgées et des jeunes qui redécouvrent leur côté religieux
, souligne-t-il.
C’est le cas d’Antoine Malenfant, un homme de 37 ans, rédacteur en chef du magazine religieux Le Verbe. Il fréquente l’église deux fois par semaine. Il y a rencontré sa conjointe, avec qui il a eu huit enfants.
On attend notre 9e et notre 10e. Notre deuxième couple de jumeaux. […] C’est écrit dans ma face que j’adhère à la morale sexuelle de l’église
, raconte-t-il en riant.
Antoine Malenfant vient lui aussi d’une famille nombreuse. Mes parents nous ont transmis ce qui était le plus important à leurs yeux et c’est ce que je compte faire avec mes enfants.
La religion catholique l’aide à donner un sens à sa vie, lui permet de passer au travers de dures épreuves et lui donne un esprit de communauté.
« Les gens ne viennent plus à l’église par convenance. Autour de moi, il y a beaucoup de jeunes familles qui fréquentent l’église et le font par choix. »
Que les églises soient vides, ça lui importe peu. Il aime que les fidèles qui se déplacent le fassent par choix et conviction. On se rapproche de l’objectif du Christ.
Des fidèles comme Antoine Malenfant, il y en a peu, constate Gilles Routhier.
Selon lui, les scandales sexuels de prêtres pédophiles et les pensionnats pour Autochtones ont contribué au déclin de l’achalandage. Ça ne joue pas seulement chez les Autochtones et ça entre dans la construction de l’idée que tout ce qu’a réussi l’Église est d’abuser
, dit-il.
Il y a, au Québec, 24 recours collectifs contre des diocèses et congrégations religieuses. Plus de 2500 Québécois sont en attente d’obtenir justice devant les tribunaux. Pierre Bolduc en fait partie.
Dans les années 1960, il aurait été agressé sexuellement à de nombreuses reprises par le curé de sa paroisse.
Il croit aussi que les agressions
ont contribué à vider les églises. C’est difficile à quantifier, mais ça n’a pas aidé.
Lui, en tout cas, admet avoir perdu la foi pour cette raison.
Ce n’est pas la première fois de son histoire que l’Église catholique traverse une période difficile.
De penser que c’est fini, c’est une grande illusion, mais il faut s’attendre à une longue traversée du désert
, illustre Gilles Routhier, faisant référence à des passages de la Bible.
Source: Radio Canada
Written by: C2D
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