Réinvention du rôle masculin : un sommet inédit pour les hommes noirs au Canada

Dans un contexte où les défis d’intégration se posent avec acuité pour les immigrants noirs au Canada, le centre Rafiki Hamilton a pris l’initiative d’organiser un sommet unique, baptisé « Conférence pour les hommes ». Événement marquant du mois de l’histoire des Noirs, il a rassemblé une soixantaine d’hommes bilingues désireux d’échanger sur les réalités et les défis d’une nouvelle vie en terre d’accueil.

Sous l’impulsion de Liliane Kabamba, directrice générale du centre, cette conférence s’est révélée être un espace précieux pour les hommes, souvent laissés dans le silence face aux enjeux personnels et culturels qui les touchent. « L’objectif était de leur fournir les informations nécessaires pour bien s’intégrer et relever les défis quotidiens », souligne Mme Kabamba.

Un des sujets les plus saillants a été le choc culturel qui frappe de nombreux Africains fraîchement arrivés dans le sud-ouest de l’Ontario. Les dynamiques familiales se modifient profondément : là où les hommes étaient traditionnellement les pourvoyeurs, la réalité canadienne impose souvent aux femmes une plus grande indépendance, redéfinissant ainsi les rôles au sein du foyer. « Beaucoup d’hommes se trouvent sans emploi ou en position inférieure à celle qu’ils occupaient dans leur pays d’origine, ce qui provoque un certain inconfort », explique-t-elle.

La session a aussi abordé la question sensible de la santé mentale, un sujet encore trop tabou dans les communautés africaines. La prise de conscience autour de ces enjeux, notamment des taux de suicide alarmants parmi les nouveaux arrivants, a été génératrice d’échanges riches. « En tant qu’homme noir, il est essentiel de reconnaître les défis qui nous attendent et de s’unir pour les surmonter », confie Daniel, un participant originaire du Cameroun.

Un volet juridique important a également été traité : Dieudonné Kandolo, avocat francophone spécialisé dans l’immigration, a informé les participants de leurs droits et obligations au Canada. Ce type d’initiative contribue à préparer au mieux les nouveaux arrivants face aux défis juridiques de leur nouvelle vie.

À la suite de cet événement, l’équipe du centre a décidé de pérenniser ces rencontres en organisant des sessions mensuelles. « Le succès de ce sommet souligne la nécessité de créer des espaces de soutien et d’échange pour les hommes », conclut Mme Kabamba.

En somme, ce sommet organisé par le centre Rafiki Hamilton représente un pas décisif vers la réinvention du rôle des hommes noirs en terre d’accueil, en mettant en lumière les enjeux spécifiques qu’ils affrontent et en cultivant des liens de solidarité et de soutien au sein de la communauté.