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TROC RADIO L’accent afro-canadien
Dans un contexte où le gouvernement du Québec a mis fin à sa campagne de recrutement d’infirmières en Afrique, une voix s’élève pour dénoncer les enjeux complexes qui sous-tendent cette décision. Mouhsine El Mabroud, infirmier marocain établi en Gaspésie, met en lumière les défis qui poussent ses confrères à émigrer, tout en soulignant les responsabilités du gouvernement marocain face à cette situation préoccupante.
Selon le Conseil international des Infirmières, certains pays africains peinent à rivaliser avec le Québec en matière de ressources infirmières. En effet, ces pays affichent un ratio d’infirmières 50 fois inférieur par habitant à celui du Québec. Une réalité qui fait réfléchir et aussi qui condamne le continent à une perte de précieux talents, comme l’illustre le parcours de Mouhsine El Mabroud. Après avoir quitté le Maroc pour intégrer le Programme intensif d’intégration à la profession infirmière au Québec, il fait désormais partie des 37 candidats ayant réussi l’examen d’admission de l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec cette année.
Dans une interview accordée à l’émission Bon pied, bonne heure !, Mouhsine El Mabroud a exprimé ses préoccupations quant aux conditions de travail des infirmiers au Maroc. « Je crois que le gouvernement marocain doit se poser la question : pourquoi ces infirmiers optent pour l’émigration ? Pourquoi choisir de quitter leur pays ? a-t-il déclaré. Une interrogation qui met en lumière les défis socioéconomiques majeurs auxquels sont confrontés les professionnels de santé dans le pays d’origine de Mouhsine.
Le gouvernement du Québec a fait face à des critiques venant de plusieurs pays africains, dont le Maroc, soulignant la nécessité de protéger la main-d’œuvre locale tout en reconnaissant que la crise ne provient pas uniquement des actions québécoises. « L’amélioration des conditions socioéconomiques est la motivation principale derrière la décision de s’expatrier », explique Mouhsine. Cependant, il ne se contente pas de pointer du doigt les inégalités économiques. L’infirmier marocain déplore également le manque d’autonomie dans la pratique infirmière au Maroc, résultant de l’absence d’un ordre professionnel régissant la profession. « Cela signifie que l’infirmier doit toujours travailler sous la tutelle médicale », critique-t-il.
Avec l’envolée vers le Québec qui a vu 1000 infirmières recrutées en Afrique au cours des deux dernières années, dont une quarantaine en Gaspésie, la question de la pérennité de la profession infirmière en Afrique se pose. Mouhsine El Mabroud insiste sur la nécessité d’une mise à niveau des conditions de pratique. « Les différences entre pays ne sont pas flagrantes en termes de contenu de la profession. » La définition du cancer est la même d’un pays à l’autre, souligne-t-il.
L’exode des infirmiers africains vers des cieux apparemment plus cléments comme le Québec soulève un débat crucial sur les responsabilités des gouvernements et les solutions à envisager pour enrayer cette fuite des cerveaux. Les témoignages de professionnels comme Mouhsine El Mabroud sont essentiels pour éclairer cette problématique et inciter les autorités à agir pour retenir leurs talents.
Written by: Danielle Adjagboni
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