Naviguer l’inconnu : le parcours des travailleurs étrangers temporaires au Québec

Alors qu’une nouvelle réglementation sur les travailleurs étrangers temporaires crée une onde de choc parmi les entrepreneurs du Québec, ces travailleurs se retrouvent confrontés à une situation précaire. Archange Djimatchi, un mécanicien camerounais établi à Lévis depuis deux ans, illustre parfaitement ce climat d’incertitude. « Aujourd’hui, je croise les doigts et je prie Dieu pour espérer, vraiment, que mon permis soit renouvelé à l’échéance », confie-t-il, tandis qu’il envisage de faire venir sa famille restée au pays.
Les restrictions imposées par le gouvernement provincial et fédéral remettent en question l’avenir de nombreux travailleurs temporaires. Archange souligne que leur arrivée au Canada visait à contribuer positivement à l’économie tout en réalisant leurs rêves. Cependant, il exprime une profonde frustration face à l’absence d’humanité dans les nouvelles mesures. « Si derrière tout ça, l’humain n’est pas au centre, nous nous sentons plus down », déplore-t-il.

Soutenu par son employeur, Mathieu Lafontaine, président de l’entreprise Lafontaine, Archange appelle à une reconnaissance du rôle crucial des travailleurs étrangers dans le succès des entreprises locales. « L’apport de travailleurs comme Archange et Flavio a permis à notre entreprise de devenir indépendante pour l’entretien de sa machinerie », précise-t-il. En effet, au sein de l’entreprise, 30 des 70 mécaniciens chargés de l’entretien de 300 engins de chantier sont des travailleurs étrangers temporaires.

Daphnée Lemelin-Ruel, conseillère principale en recrutement chez Lafontaine, partage également les inquiétudes de ses collègues. Le but ultime de la majorité des travailleurs, surtout chez Lafontaine, c’est de venir s’établir ici de façon permanente. « Mais d’avoir des resserrements comme ça, ça fait en sorte que la résidence permanente leur est de moins en moins accessible », déplore-t-elle.

Les voix des travailleurs étrangers et des entrepreneurs se rejoignent pour demander un assouplissement de la réglementation, afin de garantir un avenir plus sûr et plus humain pour tous. Au-delà des chiffres et des politiques, ce sont des vies et des rêves menacés qui attendent une réponse.