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TROC RADIO L’accent afro-canadien
today21/10/2025
Environ trente personnes ont pris part, lundi, à une consultation publique organisée à l’université de Saint-Boniface. L’objectif : réfléchir ensemble aux moyens de faire du Manitoba une province « véritablement bilingue », où la langue française puisse s’épanouir au même titre que l’anglais.
Les discussions ont rapidement mis en lumière les défis liés à l’éducation en français, à la transmission culturelle et à la fierté linguistique dans un contexte largement anglophone. Pour plusieurs participantes et participants, préserver le français au Manitoba passe avant tout par l’éducation et la reconnaissance du rôle des jeunes dans cette mission.
Parmi les voix entendues, celle de Léonycia Zohoungbogbo, immigrante francophone originaire d’Afrique, a particulièrement résonné. Inquiète pour l’avenir linguistique de ses deux filles adolescentes, elle raconte les obstacles rencontrés même dans un milieu scolaire francophone.
> « Il y a eu des situations où des jeunes refusaient de leur parler en français. Personne ne les approchait en classe, elles étaient mises à l’écart », confie-t-elle, visiblement émue.
Installée au Manitoba pour les perspectives professionnelles offertes aux francophones, Mme Zohoungbogbo espère que ses filles trouveront leur place dans un environnement scolaire valorisant la langue de Molière.
> « Ces enfants ne comprennent pas pourquoi ils devraient parler en français avec d’autres qui le parlent aussi. C’est à nous de leur dire : Non, vous avez le français, vous devez l’apprendre et le faire vivre. »
Élise Thétio, une jeune immigrante française, partage ce constat. Selon elle, l’usage du français tend à s’effriter chez les jeunes Manitobains francophones, malgré une fierté identitaire encore présente.
> « Il y a une certaine fierté, mais aussi une tendance à basculer vers l’anglais, ce qui est dommage », regrette-t-elle.
Elle appelle à une promotion accrue de la culture francophone, non seulement auprès des jeunes, mais aussi au sein des communautés anglophones, afin de créer des ponts et de renforcer la vitalité du français.
Pour Raïssa Bado, entrepreneure installée depuis quinze ans dans la province, le bilinguisme passe aussi par des moyens financiers concrets. Elle déplore la difficulté des organismes francophones à retenir les talents, souvent attirés par les avantages offerts dans les institutions anglophones.
> « Beaucoup ne se sentent pas capables de travailler entièrement en français. Ils se comparent aux francophones natifs et se sous-estiment », explique-t-elle.
Cette insécurité linguistique, selon Mme Bado, prive la communauté francophone de nombreux professionnels compétents. D’où son appel à un meilleur financement des organismes francophones, pour offrir davantage de programmes, de services et de perspectives d’emploi.
> « Plus de financement, c’est plus de programmes, donc plus de possibilités. Cela encourage la rétention », insiste-t-elle, saluant ces consultations publiques comme un moyen concret d’amener du changement.
La province du Manitoba mène actuellement une série de consultations, à la fois en ligne et en présentiel, jusqu’au 31 octobre. Ces rencontres visent à recueillir les opinions de la population sur les actions à mettre en place pour renforcer la dualité linguistique et favoriser un bilinguisme authentique.
Au-delà des mots, les participantes espèrent que leurs témoignages inspireront des mesures concrètes pour bâtir un Manitoba où le français ne soit pas seulement une langue officielle, mais aussi une langue vécue, partagée et transmise avec fierté.
Écrit par: Danielle Adjagboni
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