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TROC RADIO L’accent afro-canadien
today05/09/2024
Depuis quelques années, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean observe un véritable bouleversement dans son paysage alimentaire, une évolution principalement attribuable à l’augmentation du nombre de nouveaux arrivants. Ce phénomène d’immigration a ouvert la voie à des opportunités inespérées pour les agriculteurs et les commerçants, leur permettant d’enrichir leur offre pour répondre aux besoins d’une clientèle de plus en plus variée.
Dominique Harvey, producteur local est l’un des exemples les plus parlants de cette transformation. Élevant des agneaux et des chevreaux, il a su répondre à la demande croissante des communautés musulmane et africaine. Fort de son succès, il prévoit même de doubler son troupeau de brebis l’année prochaine, attirant des clients venus parfois de loin, comme Hamid Lamrhari, qui, après un voyage de trois heures, souhaite faire revivre à ses enfants l’ambiance chaleureuse de l’Aïd el-Adha.
« Moi, quand j’étais enfant, je vivais l’ambiance de l’Aïd. » Ça a créé des souvenirs très importants pour moi. Là, je veux faire vivre les mêmes souvenirs à mes enfants », confie Lamrhari.
Il est à noter que la clientèle musulmane représente désormais plus de 15 % de l’activité de Harvey, qui ambitionne de devenir le premier fournisseur de viande de chèvre de la région. « Le chevreau, c’est quelque chose qui était complètement inimaginable pour nous il y a quelques années ». « La demande est là, et il faut la satisfaire », explique-t-il.
Cette nouveauté s’est également renforcée grâce à l’ouverture de plusieurs épiceries africaines dans la région, comme le Marché africain du Saguenay, où Salimata Kone s’enthousiasme de voir les producteurs locaux répondre aux besoins de sa communauté. « Nous voulons enlever le plus d’intermédiaires possible pour offrir des produits frais et authentiques », souligne-t-elle.
Des données récentes montrent que cette émergence de produits alimentaires spécialisés pourrait bien représenter une perspective d’avenir pour la relève agricole. Salmata Ouedraogo, économiste à l’Université du Québec à Chicoutimi, observe une demande croissante qui favorise l’émergence de marchés de niche. «Il n’y a pas beaucoup de concurrence, ce qui offre d’importantes perspectives de croissance », affirme-t-elle.
Cette diversification des produits ne se limite pas aux fermes, les supermarchés également jouent le jeu. Carl Pedneault, directeur du Super C de Chicoutimi, indique que 10 à 15 % de son personnel vient de l’étranger, ce qui le motive à mieux répondre aux attentes des clients. Des produits tels que la banane Plantain et l’attiéké deviennent de plus en plus accessibles, témoignant de l’évolution des habitudes de consommation.
Au-delà de l’offre alimentaire, cette évolution favorise également l’intégration culturelle. Salmata Ouedraogo, originaire du Burkina Faso, constate avec satisfaction le chemin parcouru depuis son arrivée en 2008. « Aujourd’hui, j’ai même le luxe de comparer les prix de la banane plantain ! » « Les gens d’ici s’intéressent à notre culture, ce qui enrichit nos échanges », conclut-elle.
L’immigration semble donc jouer un rôle central dans la diversification et l’enrichissement du paysage alimentaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean, offrant à la fois une réponse aux besoins des communautés et de nouvelles opportunités pour les producteurs locaux. Ce phénomène pourrait bien insuffler un vent de renouveau dans la région, attirant de nouvelles générations d’agriculteurs et de clients.
Written by: Danielle Adjagboni
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