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today19/03/2025
Trois ans après son adoption, la loi sur la protection des travailleurs étrangers temporaires de l’Île-du-Prince-Édouard entre enfin en vigueur. Malgré de bonnes intentions, elle peine à s’attaquer aux abus systémiques liés aux permis de travail fermés.

Dans deux semaines, l’Île-du-Prince-Édouard mettra en application une loi censée offrir des protections accrues aux travailleurs étrangers, adoptée au printemps 2022. Le gouvernement provincial espère que la Loi sur la protection des travailleurs étrangers temporaires contribuera à garantir des droits plus solides et un traitement équitable pour ces travailleurs souvent vulnérables. La mise en œuvre de cette première phase sera marquée par l’obligation pour les employeurs de détenir un permis de recrutement, accompagné d’un dépôt de garantie de 10 000 $.
Cependant, des experts s’interrogent sur l’efficacité réelle de cette législation. Joe Byrne, président de l’Institut Cooper, souligne que la loi ne s’attaque pas au problème fondamental des permis de travail fermés, qui lient les travailleurs étrangers à un employeur spécifique. Cette structure rend difficile pour ces migrants de quitter un emploi où ils subissent maltraitance ou abus, pour se tourner vers des opportunités de travail plus sécurisées.

Les critiques de cette approche durable se font de plus en plus entendre. Les permis de travail fermés créent un climat de peur parmi les travailleurs étrangers, rendant difficile le signalement de comportements abusifs. D’après un rapport du Sénat du Canada, la situation est alarmante : de nombreux cas de harcèlement et de violence sexuelle ont été rapportés, mais beaucoup hésitent à dénoncer ces abus, de peur de perdre leur emploi, ce qui compromet leur chemin vers la résidence permanente.
« Je ne crois pas que cette loi soit conçue pour résoudre ce problème, car il s’agit d’un enjeu structurel qui nécessite l’intervention du gouvernement fédéral », déclare Byrne. Ces questions fondamentales sont exacerbées par l’augmentation significative du nombre de travailleurs étrangers temporaires à l’Île-du-Prince-Édouard, qui a quadruplé en dix ans, représentant désormais environ 40 % de la main-d’œuvre dans le secteur agricole et d’autres secteurs clés.
La question demeure : la nouvelle loi saura-t-elle respecter ses promesses de protection ? Les mois à venir seront cruciaux pour mettre en lumière l’impact réel de cette législation sur les travailleurs étrangers et sur la lutte contre les abus dont ils sont souvent victimes.
Écrit par: Danielle Adjagboni
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