Troc radio en direct
TROC RADIO L’accent afro-canadien
today02/01/2023
Héberger et offrir des activités communautaires aux personnes afro-descendantes, sur le site originel du Negro Community Centre (NCC), c’est l’objectif de cet espace qui verra le jour dans les tous prochains mois à Montréal.
L’Église où se trouvait le Negro Community Centre, juste avant sa destruction en 2014.
Photo: Archives Métro
C’est sur l’espace qui abritait le site originel du Negro Community Centre (NCC) au niveau des rues Coursol et Canning dans la Petite-Bourgogne que va sortir de terre le Centre communautaire noir de Montréal. Le site a récemment été acquis à hauteur de 2,175 M$.
Selon Benoit Dorais, le responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville « Le nouveau centre sera construit en étroite collaboration avec la communauté noire afin que le projet se concrétise selon sa vision ». Et pour s’y faire, le Sud-Ouest et la ville de Montréal sont appelés à mettre leurs ressources techniques et financières à la disposition du Centre canadien pour les Canadien.ne.s Afro-Descendant.e.s (CCAD), la nouvelle appellation du NCC.
Au niveau de l’administration de la municipalité, « elle se verra flexible dans l’application des paramètres d’urbanismes, dont la hauteur du futur bâtiment et son empreinte au sol, pour maximiser le potentiel du centre ». À tenu à assurer l’élu Andrea Este, avant de rajouter que « l’échéancier des travaux et les moyens de financement seront déterminés lorsque le projet sera mieux défini ».
Pour les membres du CCAD qui luttent depuis des décennies pour préserver l’héritage du NCC, la nouvelle de l’achat du terrain par la ville est un grand soulagement. Il y a eu des tentatives de faire renaître le Centre sous le règne de l’ancien maire de Montréal, Gérald Tremblay. Sauf qu’une volonté politique vacillante et des difficultés de financement ont empêché de concrétiser le projet.
Visiblement émue Andrea Este la nièce du fondateur de la NCC déclare, « nous sommes encore en train d’essayer d’assimiler cette incroyable nouvelle. Nous serons à nouveau en mesure de prospérer dans ce lieu qui nous est propre ».
Dorénavant, c’est à la communauté noire de se retrousser les manches, explique pour sa part Michael Farkas, président de la Table ronde du Mois de l’histoire des Noirs. Ayant fréquenté le NCC comme membre dans les années 80, il a confiance que le CCAD et la ville seront en mesure de concevoir un projet qui répond aux besoins de la communauté tout en respectant l’esprit et la mission du centre : centre de mémoire et de documentation, salle de réception, locaux communautaires. Michael Farkas rêve en grand et espère que le nouveau centre perdurera. « C’est pour nos petits-enfants », résume-t-il.
Institution emblématique du quartier et pour l’ensemble de la communauté noire montréalaise le NCC était le poumon de la Petite-Bourgogne, explique Michael Farkas.
Des enfants, assis autour d’une table, tissent à l’aiguille avec l’aide d’une éducatrice du NCC. Gracieuseté de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)/Conrad Poirier.
Fondé en 1927, le centre venait en aide aux gens dans le besoin, offrant nourriture et vêtements ainsi que du soutien en matière d’emploi, d’immigration et de logement.
Un jeune joue au tennis de table au Negro Community Center. Gracieuseté de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)/Conrad Poirier.
Au sommet de sa popularité, dans les années 50 et 60, le centre était un « pôle d’attraction culturel et communautaire », ajoute-t-il. Des gens venaient de partout, dont des États-Unis, pour s’y rassembler et y voir jouer des musiciens de renom comme Oscar Peterson et Oliver Jones.
Un déclin progressif des activités du NCC mène à sa fermeture définitive en 1993. La réorganisation urbaine de la Petite-Bourgogne dans les années 60 et 70, au premier chef la destruction de logements pour la construction de l’autoroute Ville-Marie, avait entraîné un exode de la population noire vers d’autres quartiers de la Ville.
Malgré une forte opposition de la communauté et de la Ville, l’église West End Methodist, qui hébergeait le NCC a été détruite en 2014 par son nouveau propriétaire, 9289 – 5929 Québec inc. Le bâtiment était déjà dans un état de décrépitude avancée, un mur complet s’étant effondré en avril de la même année.
Le promoteur a par la suite tenté d’exploiter le terrain de diverses façons, mais l’Arrondissement du Sud-Ouest refusait de changer le zonage s’il « ne développait pas du logement abordable ou un projet à vocation communautaire », précise Benoit Dorais.
Cet automne, après une transaction immobilière avortée entre deux parties privées, 9289 – 5929 Québec inc. À finalement accepté de vendre le terrain à la ville. Le président de 9289-5929 Québec inc. Paul Sen Chher, n’a pas voulu commenter la vente.
Raphael Mforlem, Troc Radio Canada.
Written by: Raphael Nforlem
Copyright Troc Radio 2016
Post comments (0)