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Dans un Québec en quête de main-d’œuvre, un programme ambitieux de recrutement international d’infirmiers se transforme en cauchemar pour nombre d’entre eux, laissant le sentiment d’abandon et de non-respect. Recrutés principalement en Afrique de l’Ouest, ces professionnels de santé, déjà expérimentés dans leur pays d’origine, se retrouvent confrontés à des difficultés inattendues qui mettent à mal leurs aspirations.
Certains d’entre eux, comme Roselyne Koa, infirmière clinicienne au Témiscamingue, dénoncent cette situation sur les réseaux sociaux, faisant écho à un profond malaise partagé par leurs collègues. Traitant d’un programme provincial promettant la formation de 1 000 infirmiers, les témoignages révèlent un tableau inquiétant : stress, incertitude et précarité économique.
De nombreux étudiants, arrivés au Québec avec l’illusion d’un avenir serein, se heurtent à la cruelle réalité du Projet de Reconnaissance des Compétences des Infirmiers et Infirmières Recrutés à l’International (PRCIIRI). Des échecs répétitifs dans les modules de formation entraînent non seulement l’annulation de leur statut d’étudiant, mais aussi la perte de bourses et du droit de travailler comme préposés aux bénéficiaires (PAB).
Un participant dont le nom n’a pas été mentionné pour préserver son anonymat, témoigne de la pression insidieuse qui pèse sur ces futurs infirmiers : « J’ai tout quitté pour venir ici, pensant que j’y serais en sécurité. » Pour ces étudiants, chaque module représente un gouffre d’angoisse. « Nulle part, il n’était écrit que nous sortirions du programme en cas d’échec », souligne un autre étudiant, qui éprouve le sentiment d’une trahison à peine voilée.
La situation financière, déjà précaire pour beaucoup, s’aggrave lorsqu’un premier étudiant échoue à un module, entraînant une série de répercussions tragiques. Du logement à la subsistance, les témoignages corroborent une réalité cruelle : « Nous sommes dans la rue, sans moyens de subsistance », constate Roselyne Koa. Au fil des mois, un climat de méfiance s’installe et, à la fin de mai, une quinzaine d’étudiants sont évincés du programme après avoir échoué à un volet pratique.
Face à cette crise, les autorités éducatives et de santé, telles que le CISSS et le Cégep, admettent la nécessité d’améliorer la communication autour des conséquences potentielles des échecs. Un soutien psychologique est offert aux étudiants, mais la plupart d’entre eux restent déterminés à poursuivre leur rêve de carrière en tant qu’infirmiers. Christian*, un autre étudiant, refuse de céder à la panique : « Je suis arrivé en tant qu’infirmier, je veux continuer à pratiquer ce métier. »
Malgré les défis, des discussions sont en cours pour relancer une nouvelle cohorte d’étudiants l’an prochain. Cependant, l’expérience de ces infirmiers recrutés à l’international soulève des questions importantes sur la reconnaissance de leurs compétences et sur un système qui, jusqu’à présent, semble peu enclin à leur offrir la chance de briller dans leur nouvelle vie.
Les voix de ces professionnels méritent d’être entendues et prises en compte dans un système qui se doit d’être à la hauteur de ses promesses. Le chemin vers une carrière épanouissante au Québec reste parsemé d’embûches, mais l’espoir de voir ces infirmiers enfin respectés pourrait faire naître une véritable réforme.
Written by: Danielle Adjagboni
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