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Hommage. Viola Desmond : d’un salon de coiffure à un billet de banque

today20/03/2022

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Viola Desmond a été choisie il y a trois ans par le ministre des Finances du Canada pour figurer sur un billet de 10 $ canadien destiné à la circulation courante. Elle a été retenue parmi une liste restreinte de cinq Canadiennes emblématiques qui, ensemble, illustrent les contributions variées et importantes des femmes à l’histoire du Canada. Visionnez la vidéo Minutes du patrimoine au sujet de Viola Desmond, prenez connaissance du processus de sélection et renseignez-vous sur les changements de ces billets de banque.

Viola Desmond (1914–1965)

Viola Desmond reste une icône du mouvement en faveur des droits et libertés au Canada. Femme d’affaires accomplie de la Nouvelle-Écosse, elle a défié l’autorité, refusant de quitter une section réservée aux Blancs d’un cinéma en 1946, après quoi elle a été incarcérée, reconnue coupable et condamnée à une amende. Son procès constitue l’une des premières contestations judiciaires soulevées par une femme noire au Canada pour cause de ségrégation raciale.

Entrepreneure prospère

En tant que femme noire de la classe moyenne dans les années 1930 et 1940, Viola Desmond a toujours été une pionnière. Dès les premières années de sa carrière d’enseignante, son ambition était d’avoir son propre salon de coiffure. Le premier obstacle à son projet a été la formation. Comme les femmes noires n’étaient pas admises dans les écoles de beauté d’Halifax, Mme Desmond s’est donc rendue à Montréal, à New York et au New Jersey pour suivre divers cours; elle obtiendra finalement un diplôme du renommé Apex College of Beauty Culture and Hairdressing d’Atlantic City.

En 1937, elle ouvre le salon Vi’s Studio of Beauty Culture à Halifax, qui deviendra un lieu de rencontre pour les femmes de la collectivité. Mais sa vision ne s’arrêtait pas là. Après quelques années, elle fonde la Desmond School of Beauty Culture, qui attire des élèves de partout en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et au Québec. De plus, d’autres activités de son entreprise, c’est-à-dire la fabrication et la vente des produits de beauté de marque Vi’s, génèrent des commandes de toute la Nouvelle-Écosse. Mme Desmond a non seulement été une précurseure comme entrepreneure et modèle pour sa communauté, mais elle a aussi été une inspiration pour ses clientes et ses élèves.

Militante pour la justice sociale

Le 8 novembre 1946, Mme Desmond est en route vers Sydney, en Nouvelle-Écosse, quand sa voiture tombe soudainement en panne à New Glasgow. Pendant que sa voiture se fait réparer, elle décide d’aller voir un film au Roseland Theatre.

Ignorant la politique du cinéma qui impose aux Noirs de s’asseoir au balcon, Mme Desmond demande une place au parterre et paie la caissière. Cette dernière lui remet un billet pour le balcon, puis lorsque Mme Desmond entre dans le cinéma, le placier l’informe que son billet est pour le balcon et qu’elle doit y monter. Croyant qu’il s’agissait d’une erreur, Mme Desmond retourne à la billetterie et demande à échanger son billet. La caissière refuse en lui disant qu’elle n’est pas autorisée à vendre des billets au parterre « à des gens comme elle ». Quand elle comprend qu’on lui refuse le billet en raison de la couleur de sa peau, Mme Desmond retourne courageusement à l’intérieur et s’assoit au parterre. Le gérant du cinéma la confronte, et, comme elle refuse de bouger, appelle la police. Elle est éjectée de force, arrêtée, accusée et reconnue coupable de ne pas avoir payé le cent supplémentaire de taxe d’amusement exigé pour s’asseoir au parterre.

Mme Desmond tente en vain de faire annuler sa déclaration de culpabilité, mais son cas deviendra un jalon de l’histoire des droits de la personne au Canada. La poursuite contre Mme Desmond ayant été montée comme une affaire de fraude fiscale, la vraie question du racisme s’est trouvée ensevelie sous les formalités procédurales. Si elle n’avait pas poursuivi l’affaire, les archives du procès qui nous sont parvenues n’auraient laissé aucun indice de la réelle importance de cette cause, à savoir qu’on lui avait refusé l’accès au parterre en raison de la couleur de sa peau.

Viola Desmond portrait, ca. 1940. Communications Nova Scotia
Portrait de Viola Desmond, vers 1940
Communications Nouvelle-Écosse
Viola Desmond speaking at graduation, ca. 1945. Wanda Robson Collection. Beaton Institute, Cape Breton University.
Viola Desmond prononçant une allocution à la remise des diplômes, vers 1945. MG 21.14
Collection de Wanda Robson. 16-89-30229. Institut Beaton, Université du Cap-Breton

La contestation juridique suscitée par Mme Desmond a touché une corde sensible de la communauté noire et a stimulé la prise de conscience croissante de la discrimination raciale pratiquée en Nouvelle-Écosse. Cette affaire a inspiré le changement et a fait partie d’un plus vaste ensemble d’efforts déployés pour accroître l’égalité raciale au pays.

La persévérance de Mme Desmond et l’attention suscitée par son procès ont élargi le mouvement visant à reconnaître l’importance des droits de la personne au Canada.

Le 15 avril 2010, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a accordé un pardon absolu posthume à Mme Desmond. Le pardon a été octroyé par la lieutenante-gouverneure de la Nouvelle-Écosse à l’époque, l’honorable Mayann Francis, qui fut la première personne noire à occuper cette fonction en Nouvelle-Écosse, et seulement la deuxième au Canada. Le pardon est accompagné d’une déclaration et d’excuses publiques de la part du premier ministre de l’époque, Darrell Dexter, qui énonce que l’accusation n’aurait jamais dû être portée, et que la condamnation de Viola Desmond était une erreur judiciaire.

Bien que les événements survenus au Roseland Theatre remontent maintenant à 70 ans, la lutte de Mme Desmond pour la justice sociale et son acte de courage singulier continuent de trouver écho chez les Canadiens.

Avec la Banque du Canada.

Written by: Léo NSÉKÉ

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