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TROC RADIO L’accent afro-canadien
today23/08/2024
Dans un élan de solidarité et de dénonciation, le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) a demandé l’ouverture d’une enquête sur le programme québécois de recrutement d’infirmières à l’étranger, à la suite de témoignages alarmants de plusieurs participantes originaires de pays africains francophones. La conférence de presse, tenue jeudi dernier, a mis en lumière des expériences de discrimination raciale vécues par ces professionnelles de la santé dans leur quête d’une vie meilleure au Québec.
Roselyne Koa, l’une des porte-parole de ce mouvement, a décrit des situations qu’elle n’aurait jamais cru possibles. « J’ai été témoin de situations inimaginables », a-t-elle déclaré, visiblement affectée par les récits de ses consoeurs. D’après elle, de nombreuses infirmières sont plongées dans une détresse psychologique due à des traitements dégradants, les qualifiant de citoyens de seconde zone. Certaines seraient même soumises à des remarques humiliantes, allant jusqu’à leur dire qu’elles « sentent mauvais ».
Fo Niemi, directeur exécutif du CRARR, a corroboré ces affirmations, précisant que ces infirmières se retrouvent souvent dans des situations précaires, tant sur le plan financier que professionnel. Le projet de reconnaissance des compétences des infirmières recrutées à l’étranger (PRCIIRI), lancé en 2022, vise à intégrer 1000 infirmières dans le système de santé québécois. Cependant, les témoignages récoltés soulignent des réalités désenchantées : après leur arrivée dans des pays comme le Cameroun et la Côte d’Ivoire, beaucoup doivent se contenter de postes d’aides-soignants à temps partiel, tout en étant soumis à des évaluations qui peuvent mener à leur licenciement.
La douleur et la peur sont omniprésentes parmi ces professionnelles, qui craignent souvent de recourir aux mécanismes de plainte, jugés inefficaces. Roselyne Koa a évoqué son propre licenciement en lien avec son soutien à ses collègues africaines, révélant un climat de peur qui paralyse leurs voix.
Le CRARR appelle à une prise de conscience collective pour mieux comprendre les défis auxquels ces infirmières font face et garantir leur dignité et leur droit à une intégration équitable au sein du système de santé. Les récits de Roselyne Koa et d’autres participantes doivent servir de tremplin pour initier un dialogue sur les discriminations systémiques et assurer une protection adéquate de ceux qui œuvrent pour la santé des Québécois.
Written by: Danielle Adjagboni
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