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Dans le cadre de la Journée internationale des femmes, la Coalition des femmes de l’Alberta a organisé, samedi dernier, une série d’événements enrichissants au campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta à Edmonton. Ces rencontres ont offert un espace de réflexion et d’échange sur les défis uniques auxquels font face les femmes francophones en milieu minoritaire.
La journée a été inaugurée par une conférence percutante animée par Valérie Lapointe-Gagnon, professeure agrégée en histoire et en droit linguistique à l’Université de l’Alberta. Son intervention a mis en lumière le concept d’intersectionnalité, soulignant que les femmes francophones dans une province majoritairement anglophone subissent une double infériorité. Ce terme, qui trouve ses origines dans les années 1980, illustre la lutte des femmes d’expression française face à des systèmes qui leur étaient défavorables, tant au niveau éducatif qu’en matière de garde d’enfants.
« Être femme et être francophone, c’était un double obstacle à l’épanouissement, à la réalisation », rappelle Lapointe-Gagnon. Elle souligne également que les nouvelles arrivantes et les femmes des minorités visibles francophones sont souvent dans une position encore plus précaire. « Aujourd’hui, on parle de triple infériorité, et en y ajoutant les enjeux socio-économiques, nous atteignons une quadruple infériorité », explique-t-elle.
Les participantes, telles qu’Arianne Soumahoro, femme francophone, racialisée et queer, ont résonné avec ces réalités complexes. « Je fais face à beaucoup de ces enjeux », déclare-t-elle, insistant sur la nécessité de solidarité entre femmes. Des échanges de groupe ont suivi la conférence, abordant des thèmes variés tels que le bien-être, les perspectives autochtones, la conciliation travail-famille et l’intégration des immigrant(e)s.
« La nécessité de s’apporter du soutien entre nous est évidente », souligne Soumahoro, un sentiment partagé par sa mère, Corinne Konan. La directrice de la Coalition des femmes de l’Alberta, Mariama Gueye, s’est félicitée du réseau d’entraide qui s’est formé grâce à ces rencontres annuelles. « On se rend compte qu’en tant que femmes francophones et surtout en tant qu’immigrantes, nous partageons les mêmes problématiques », déclare-t-elle.
Cependant, Gueye rappelle que malgré ces avancées, beaucoup reste à faire pour que les voix des femmes francophones soient entendues dans les sphères décisionnelles. C’est à peine si nos défis sont pris en compte dans les politiques publiques. Nous aspirons à plus de reconnaissance et de représentativité, conclut-elle.
Cette journée a donc non seulement permis d’explorer les enjeux actuels, mais a également renforcé les liens au sein d’une communauté souvent marginalisée, tout en mettant en lumière les lacunes persistantes dans la prise en compte de leurs réalités.
Written by: Danielle Adjagboni
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