Des pères immigrants apprivoisent la paternité au Québec : un parcours d’intégration enrichissant

Au cœur du centre multiethnique de Québec, des hommes originaires d’Afrique s’initient à la paternité selon les codes québécois. Ces pères nouvellement arrivés découvrent un tout autre monde, marqué par des valeurs et des pratiques éducatives éloignées de celles de leur pays d’origine.

Aristide Kuate, père de trois enfants et natif du Cameroun, ressent un choc culturel en constatant que ses enfants n’hésitent pas à lui dire « non ». En Afrique, cette attitude serait impensable. Sa participation aux ateliers du centre lui a permis d’apprendre les méthodes d’éducation adoptées ici. « Les règles ne sont pas les mêmes », constate-t-il, soulignant l’importance de l’adaptation.

Sahadou Akidou, originaire du Bénin, partage son expérience en tant que père. Dans son pays, il passait peu de temps avec sa famille, se contentant de s’installer devant la télévision après le travail. Désormais, il s’implique activement dans la vie quotidienne de ses enfants âgés de 13 à 18 ans. « Aider ma femme à la cuisine est une révélation », déclare-t-il, ajoutant que cela améliore la dynamique familiale.

Pour Abdoulaye Ag-Ibrahim, du Mali, la prise de conscience est significative : « Ici, les enfants disent la vérité », une leçon qu’il attribue aux ateliers qui cassent les vieilles croyances et préjugés en matière d’éducation. « Nous devons évoluer, sinon nos pratiques resteront en désaccord avec les lois et les valeurs de notre pays d’accueil. »

Les ateliers, animés par Jean-Pierre Ndiamy et Marc-Antoine Barre, offrent une formation essentielle d’une durée de huit semaines. Ils abordent des thèmes variés comme les droits de l’enfant, la violence conjugale et les relations familiales. À l’issue de cette expérience, des activités de groupe planifiées favorisent les échanges entre pères, cimentant ainsi des liens de solidarité.

Les participants, venus d’horizons divers, se heurtent à des réalités souvent inattendues. La recherche d’une meilleure intégration professionnelle, comme en témoigne Aristide Kuate, qui reprendra des études pour devenir comptable agréé, met en lumière les défis d’un monde du travail parfois réticent à reconnaître leurs compétences antérieures. Malgré l’adversité, il reste convaincu des avantages que lui apportent ces ateliers : « Certes, tu étais un bon papa, mais maintenant, tu es un papa meilleur. »

Ces histoires de pères immigrants façonnent une nouvelle réalité familiale au Québec, où l’échange culturel enrichit non seulement la parentalité, mais également les liens sociaux. Les hommes trouvent dans ces ateliers la force et les outils nécessaires pour améliorer leur rôle au sein de leur famille tout en respectant les lois et traditions de leur pays d’accueil.