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Délais de permis d’étude: une «torture psychologique» dénoncent des étudiants africains

today25/07/2022

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Des dizaines d’étudiants africains attendent depuis de longs mois une réponse d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, certains depuis plus d’un an.
 Des dizaines d’étudiants africains attendent depuis de longs mois une réponse d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, certains depuis plus d’un an.

Des dizaines d’étudiants francophones africains admis dans des universités canadiennes qui attendent leur permis d’études depuis de longs mois, certains depuis plus d’un an, et qui ont été forcés de repousser leur session qualifient l’attente qu’on leur fait subir de « torture psychologique ». Exaspérés, ils s’organisent pour tenter de faire pression sur les autorités canadiennes.

La demande de Pedro Cervera, originaire de la Guinée équatoriale, remonte à aussi loin que juin 2021. Admis à l’Université Laval à la maîtrise en administration des affaires — entrepreneuriat et gestion de PME, l’étudiant s’attendait à avoir une réponse pour son permis d’études en deux ou trois mois. Sans réponse d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), il a malgré tout payé ses droits de scolarité et a commencé ses cours en ligne à la session d’automne 2021, parce que l’université offrait cette possibilité.

« Je me disais qu’entre-temps, j’obtiendrais mon permis d’études », laisse-t-il tomber. Étant sans nouvelles, à l’hiver, il a poursuivi ses cours en ligne, contrarié de devoir payer le plein prix sans avoir la possibilité d’y assister en personne. Le Devoir lui a parlé fin juillet, alors qu’il doit bientôt entamer sa troisième session, celle d’automne. Il est toujours dans le brouillard, malgré le fait que le site Web d’IRCC affiche un délai estimé de 12 semaines pour le traitement des demandes de permis d’études.

« Je me sens épuisé psychologiquement, lance-t-il. Si j’avais un refus, au moins j’aurais une réponse et je pourrais m’organiser pour le futur. » Il possède deux entreprises en Guinée équatoriale, et face à l’incertitude, il songe à abandonner ses études.

Ulrick Toffodji, originaire du Bénin et admis au baccalauréat en biologie de l’Université du Québec à Chicoutimi, devait de son côté commencer à l’hiver 2022, mais il est toujours sans nouvelles de sa demande, déposée le 3 novembre. « On a déjà payé pour plein de choses. Ce qu’on nous fait subir, c’est anormal », lance-t-il.

Même chose pour Serge, originaire du Togo et admis à l’Université de Sherbrooke en communication, qui devait commencer son programme cet été. Or, il est toujours sans nouvelles de sa demande, déposée en janvier. « On met nos vies sur pause, on n’arrive pas à voir clair, on ne sait pas si on doit chercher ailleurs et aller dans une autre université d’un autre pays. On est dans le flou total. Je ne sais pas si je dois reporter une fois de plus ma session. »

Ils se sont regroupés, avec des dizaines d’autres étudiants africains de la même région en attente de réponse depuis des mois, dont plusieurs se sont entretenus avec Le Devoir. Ils dénoncent la lenteur de traitement et l’absence de suivi du bureau des visas d’Accra, au Ghana, où leurs demandes sont traitées. Le Devoir révélait d’ailleurs en Novembre dernier qu’Ottawa refusait de plus en plus d’étudiants francophones venus d’Afrique. Afin de faire pression, les étudiants font depuis peu circuler une pétition demandant au premier ministre Justin Trudeau« de faire quelque chose afin de remédier à cette situation ».

« Nous avons même envoyé des gens au bureau d’Accra pour avoir des explications. Mais la seule réponse qu’on nous a donnée, c’est une adresse email », souligne Pedro Cervera. Ceux qui tentent d’avoir des explications par courriel disent recevoir la même réponse générale. « C’est une torture psychologique, on attend depuis des mois et la rentrée approche », lance-t-il. Ils estiment que les francophones sont discriminés au bureau d’Accra et constatent que le traitement est plus rapide dans d’autres bureaux.

Contacté par Le Devoir, IRCC dit comprendre « la frustration des personnes qui espèrent commencer leurs études au Canada et dont la demande prend plus de temps que prévu ».

« La période estivale est celle où IRCC traite le plus de demandes de permis d’études dans le but de s’assurer que les personnes qui doivent commencer un programme à l’automne obtiennent leur permis à temps », souligne-t-on.

Près de 220 000 demandes de permis d’études ont été traitées entre janvier et mai 2022. En comparaison, environ 201 000 demandes ont été traitées au cours de la même période en 2021, et environ 128 000 durant la même période en 2019, avant la pandémie.

Concernant le bureau d’Accra, IRCC répond que « les demandes de permis d’études du monde entier sont examinées de façon uniforme et en fonction des mêmes critères, et ce, peu importe le pays d’origine ». « Le délai de traitement d’une demande varie en fonction d’un certain nombre de facteurs », ajoute-t-on.

Un dossier suivi « de près »

Invitées à commenter ce dossier, quelques universités ont répondu au Devoir.

L’Université du Québec à Montréal (UQAM) dit se préoccuper « grandement des difficultés vécues par certaines personnes étudiantes qui souhaitent obtenir un permis d’études », et précise qu’il « s’agit d’un dossier que la direction de l’Université suit de très près ». « L’enjeu a été porté, en particulier par la rectrice, Magda Fusaro, à l’attention de diverses instances gouvernementales et diplomatiques », souligne dans un courriel la porte-parole, Jenny Desrochers. « La rectrice a également profité de la mission virtuelle de l’UQAM en Afrique francophone (Maroc, Algérie, Tunisie, Sénégal et Côte d’Ivoire), en juin 2021, pour discuter de la situation avec les ambassades concernées », ajoute-t-elle.

L’Université de Montréal (UdeM) dit de son côté constater les conséquences de l’attente et des refus sur l’établissement. « Nos statistiques actuelles démontrent […] que nous devons désinscrire plus d’étudiants en provenance d’Afrique que des autres pays comme l’Inde, la Chine ou le Brésil, par exemple. Et cette tendance s’est accélérée dans les dernières années », explique par courriel la porte-parole, Geneviève O’Meara.

« Nous déployons beaucoup d’efforts de recrutement dans les pays francophones africains pour attirer les étudiants à venir étudier à l’UdeM, et nos efforts fonctionnent, car nos statistiques démontrent une augmentation des demandes d’admission en provenance de ces pays. Malheureusement, cela ne se matérialise pas en inscriptions ensuite. On peut penser qu’une partie des étudiants qui ne s’inscrivent pas le font parce qu’ils se voient refuser leur permis d’études », ajoute-t-elle.

Source: Le Devoir

Written by: C2D

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