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TROC RADIO L’accent afro-canadien
today06/01/2025
Laure Ghenkam, originaire du Cameroun, a su transformer les défis de l’immigration en opportunités florissantes au Canada. Installée en Ontario depuis 2001 avec son époux, elle nous raconte un parcours exemplaire marqué par la résilience, l’épanouissement personnel et professionnel.
À son arrivée au Canada, Laure Ghenkam, tout juste sortie de ses études en droit privé à l’Université de Yaoundé, se heurte rapidement à une réalité bien différente. La fameuse « expérience canadienne », souvent considérée comme un obstacle pour de nombreux immigrants, se dresse devant elle tels de hauts murs. Néanmoins, c’est dans ce cadre qu’elle découvre sa véritable vocation : l’enseignement.
Après avoir vécu à Milan, en Italie, où elle rencontre son compagnon de vie, Laure cherche un nouvel horizon professionnel au Canada. La barrière linguistique, elle qui vient d’un pays francophone, se révèle être un défi supplémentaire. Mais, bien soutenue par sa passion et sa détermination, elle obtient enfin un poste dans un centre d’enseignement du français. « Ça a réveillé l’éducatrice en moi », se remémore-t-elle. Fille d’enseignants, elle admet pourtant que l’enseignement était la seule carrière qu’elle ne voulait pas suivre. Qui aurait cru qu’au Canada, elle réaliserait qu’enseigner était en fait sa destinée ?
Actuellement enseignante en immersion française à l’école élémentaire de Markham, Laure excelle dans son rôle depuis 2003. Elle explique son choix de se concentrer sur le niveau élémentaire par sa volonté d’assurer un cadre d’apprentissage respectueux, une caractéristique qui lui paraît précieuse, notamment en comparaison avec la culture camerounaise où les enseignants sont vénérés.
En tant que mère de trois enfants, Laure se confronte également à des défis uniques en matière d’éducation. Issue d’un milieu où le respect filial est une norme incontestée, elle doit naviguer entre les valeurs nord-américaines d’autonomie et d’individualité. « Élever ma fille aînée au Canada fut très difficile », confie-t-elle. Elle a appris à adapter son style parental tout en maintenant une communication ouverte. Ses expériences de voyage au Cameroun avec ses enfants lui ont révélé à quel point les différences culturelles peuvent être déconcertantes.
Parallèlement à sa carrière d’enseignante, Laure ne s’arrêtait pas là. Elle a fondé Sephora French Centre, une entreprise de tutorat en français, en réponse à un besoin croissant d’enseignants qualifiés dans cette langue. Avec une équipe dévouée de cinq tuteurs, elle s’engage à combler cette lacune dans le système éducatif.
Aujourd’hui, Laure n’a aucun regret quant à son choix de quitter le Cameroun. Elle souligne pourtant l’importance de développer les potentialités de son pays d’origine pour y offrir des perspectives d’avenir à ses nombreux étudiants. Son histoire est un hommage à l’immigration et à la capacité d’adaptation qui en résulte, montrant que chaque obstacle peut devenir une porte ouverte vers de nouvelles opportunités.
Et, tout en riant, elle conclut : « J’adore le Canada, mis à part le froid. Mais il m’aura fallu 20 ans pour m’habituer à la météo ! »
Cette semaine, à l’occasion de la Semaine nationale de l’immigration francophone, Troc Radio honore le parcours de Laure Ghenkam, emblème d’une nouvelle génération d’immigrants passionnés qui enrichissent le tissu culturel et éducatif du Canada.
Written by: Danielle Adjagboni
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