Troc radio en direct
TROC RADIO L’accent afro-canadien
today18/02/2025
Dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, qui célèbre l’héritage et le leadership des communautés noires, la région Atlantique du Canada continue de faire face à un défi majeur : la sous-représentation politique de ses citoyens noirs. Malgré leur présence historique remontant au 18e siècle, les Noirs sont encore rares sur la scène politique de cette région.
À l’Île-du-Prince-Édouard, le député Gordon McNeilly est fier d’être le premier Noir à occuper ce poste. Élu en 2019 et réélu en 2023, il souligne que sa motivation ne réside pas dans sa couleur de peau, mais dans sa volonté d’améliorer la qualité de vie de sa communauté. « Je voulais être là pour ma communauté », déclare-t-il, mettant l’accent sur la nécessité d’encourager la diversité politique au sein des partis.
Actuellement, la Nouvelle-Écosse se distingue légèrement avec quatre députés provinciaux noirs, alors que l’Île-du-Prince-Édouard en compte un. En revanche, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador ne comptent aucun représentant noir. Pour McNeilly, il est vital de développer des infrastructures permettant une formation politique adéquate afin d’attirer davantage de candidats noirs. « On a besoin d’avoir un peu d’espace pour faire du training pour ces personnes », dit-il.
La députée Suzy Hansen, élue de Halifax-Needham, s’est engagée en politique pour aider les autres et se rend compte que des efforts doivent être faits pour informer les communautés noires sur leurs possibilités d’implication politique. « Je pense simplement que les gens ne savent pas qu’ils peuvent obtenir ces postes », indique-t-elle.
L’Île-du-Prince-Édouard bénéficie de circonscriptions protégées qui ont pour but d’accroître la représentation des groupes minoritaires. Le retour de ces circonscriptions, supprimées en 2012, a permis à des voix comme celles de Twila Grosse, députée de Preston et ministre des Affaires afro-néo-écossaises, de s’exprimer et d’inspirer de futurs leaders. Grosse reconnaît cependant que le chemin reste encore long : « Sommes-nous arrivés au bout ? » « Non, nous avons un long chemin à parcourir, mais nous avons commencé », affirme-t-elle.
Au Nouveau-Brunswick, la situation est plus complexe. La population noire y est géographiquement dispersée, ce qui complique l’émergence de représentants noirs. Le sociologue Leyla Sall de l’Université de Moncton avance que le vote noir, tel qu’il existe en Nouvelle-Écosse, n’est pas encore une réalité dans cette province, touchant à la diversité culturelle et identitaire des communautés noires dans la région.
Phylomène Zangio, présidente de la Commission des droits de personne du Nouveau-Brunswick, souligne également que la responsabilité de cette sous-représentation est collective. Elle appelle la jeunesse noire à se projeter vers l’avenir tout en s’impliquant dans le processus politique. « Ça prend des politiques et ça prend de l’engagement. Pas seulement au gouvernement, mais aussi à la population noire elle-même », observe-t-elle.
La nécessité d’un mentorat et d’un accompagnement pour encourager les nouvelles voix émerge comme un miel récurrent dans les discussions. Le chemin est long, mais avec des élections comme celle du premier maire noir de Shelburne, Stanley Jacklin, et la volonté des leaders actuels de tendre la main vers les prochaines générations, il semble que des progrès peuvent être réalisés. Comme le rappelle McNeilly, « ça a commencé quelque chose qui était incroyable, je veux continuer d’essayer d’inspirer ».
Ainsi, bien qu’il reste des efforts à fournir, le climat politique en Atlantique pourrait progressivement évoluer, offrant une voix plus forte et plus diversifiée aux Noirs canadiens.
Écrit par: Danielle Adjagboni
Copyright Troc Radio 2016
Commentaires d’articles (0)