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TROC RADIO L’accent afro-canadien
Au Canada, l’immigration est souvent perçue comme une promesse de nouvelles opportunités, mais pour de nombreux couples, ce voyage vers l’eldorado canadien devient un parcours semé d’embûches. À travers des témoignages poignants et des analyses d’experts, un tableau sombre se dessine : l’immigration en couple peut, trop souvent, mener à la désillusion et à la séparation.
Serge Makuetche, originaire du Cameroun, a vu son rêve d’une vie meilleure s’effondrer après son arrivée avec son ex-mari en Alberta. Au début, tout semblait prometteur, mais rapidement, des tensions liées à la dynamique de pouvoir et aux différences culturelles émergent. Le premier incident se produit à la banque, où l’ex-mari de Serge se heurte à un affront qu’il considère inacceptable : l’impossibilité d’accéder aux comptes bancaires des enfants sans l’autorisation de sa femme. Cette situation, perçue comme une dévalorisation de son statut d’homme, marque le début d’une série de conflits conjugaux, alimentés par des pressions extérieures et des attentes traditionnelles.
De nombreux couples, comme ceux d’Alice et de Jean Mutombo, se battent également contre la violence, qu’elle soit physique ou psychologique. Alice, ayant fui un passé difficile en République démocratique du Congo, se retrouve face à un mari polygame, créant un climat familial instable et insupportable. Pour échapper à cette spirale de souffrance, elle choisit de se séparer et de consacrer son énergie à ses enfants malgré les dangers persistants.
La violence au sein des couples immigrés est un phénomène largement observé, selon Dee Adekugbe, fondatrice de Ruth’s House Society, un centre d’aide aux couples en difficulté. De nombreux cas de violence conjugale sont signalés, et bien que certains couples trouvent une issue grâce à l’accompagnement du centre, beaucoup d’autres sombrent dans la violence sans issue.

Ce tableau complexe des relations conjugales immigrées est exacerbé par la pression sociale et les défis d’adaptation à un nouveau pays. Diahara Traoré souligne que les conceptions traditionnelles de la masculinité et de la féminité des immigrés africains sont souvent déstabilisées lorsqu’ils arrivent au Canada. Les hommes, traditionnellement vus comme pourvoyeurs, peinent à accepter la perte de leur statut face aux réalités du marché du travail canadien. Cette crise d’identité masculine peut conduire à des tensions et, dans des cas extrêmes, à la violence.
Cependant, certains couples, comme Jean Mutombo et Maguy Dorcas Nzumba Muteba, parviennent à surmonter ces défis. Malgré les obstacles liés à l’inadéquation de leurs diplômes et à la barrière linguistique, ils réussissent à reconstruire leur vie. Grâce à la persévérance et au soutien mutuel, ils réalisent leur rêve d’une vie meilleure et montrent que des solutions existent, même dans les situations les plus difficiles.
À l’heure où de plus en plus de couples immigrés affluent au Canada, il devient vital de reconnaître ces défis et de promouvoir des ressources adaptées. Comme le souligne Jeanne Lehman, directrice de l’organisme Femmes canadiennes noires en action, le manque de soutien pour les hommes immigrés représente un défi supplémentaire. Pour faire face à cette réalité complexe, il est essentiel d’accroître la sensibilisation et de créer des espaces d’expression pour tous, afin de réduire les violences conjugales et de favoriser des relations plus saines dans un paysage multiculturel en pleine évolution.
Ainsi, l’immigration, bien que porteuse de promesses, peut aussi être un véritable tombeau pour quelques couples, à moins qu’une réelle attention ne soit portée aux défis uniques qu’ils rencontrent dans ce nouveau monde.
Source: Radio-Canada
Écrit par: Danielle Adjagboni
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