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today07/12/2022
Auto-emploi : des organismes québécois au chevet des entrepreneures béninoises
L’accès à l’emploi étant une denrée rare en Afrique, bon nombre d’Africains sans exception de sexe se tournent vers l’entrepreneuriat pour être financièrement indépendantes et sortir de la pauvreté.
Le cas du Benin est fort interpellateur. Ici, la gent féminine fait usage de l’entrepreneuriat comme un levier pour acquérir son autonomie économique et son émancipation. Dans la petite boutique de la coopérative Nounagnon Espoir par exemple, l’on y retrouve de tout : bouteilles de vin de palme, produits cosmétiques faits à la main, des arachides, de la poudre de moringa, du savon noir, de la farine de tapioca ou encore, des mélanges de racines aux propriétés médicinales.
Sylvie Bertille Akpakoun, présidente de cette coopérative, laisse entendre que : « La vie en Afrique, c’est trop cher et trop dur, donc on se bat, explique-t-elle en gardant son grand sourire. Si la femme ne peut pas relayer l’homme [pour gagner des revenus], le foyer est foutu. Les femmes doivent se prendre à deux mains pour aller de l’avant. »
Cependant, les défis sont grands. Au Bénin, les femmes sont souvent moins scolarisées que les hommes. Souvent mères de plusieurs enfants, elles sont généralement chargées de l’éducation des enfants et des tâches domestiques. Leur accès aux rares emplois formels du pays étant limité, l’entrepreneuriat se présente comme l’une des uniques options pour elles d’aller chercher des revenus et être autonomes financièrement.
La situation est devenue d’autant plus compliquée du fait que le Bénin fait partie des pays africains qui ont été touchés par la récession économique associée à la pandémie de Covid-19, puis par la flambée du prix des céréales en raison de la guerre russo-ukrainienne. Comme ailleurs en Afrique de l’Ouest, le pays subit également de plein fouet les impacts croissants des changements climatiques.
D’après Éric Prosper Dossa, directeur du Réseau d’appui aux initiatives locales (RAIL-Bénin), basé à Porto-Novo. « La société béninoise est une société patriarcale, lorsque la femme n’apporte pas de l’argent dans le foyer, tout ce qu’elle fait n’est pas valorisé. Mais avec l’avènement de la Covid-19, la guerre en Ukraine et l’augmentation du coût de la vie, les activités des hommes ont pris un coup. Ces événements ont ouvert des opportunités qui ont permis aux femmes de sortir de leur foyer pour avoir des activités génératrices de revenus. », indique-t-il.
Apport de la coopération internationale
Face à ces réalités que vivent les Béninois et les femmes béninoises en particulier, plusieurs organismes internationaux volent à leur secours pour les accompagner dans leurs efforts. C’est le cas de l’Association des personnes rénovatrices des technologies traditionnelles (Apretectra), une ONG basée dans la ville de Comè, qui œuvre pour la réduction des obstacles structurels auxquels les Béninoises font face lorsqu’elles souhaitent entreprendre.
Reine Bossa, responsable de cette ONG, fait observer que : « La vie d’une femme entrepreneure béninoise, n’est guère facile. Il faut du courage pour se relever après être tombé. Pour aller de l’avant, il faut qu’elles arrivent à concilier leur vie de famille avec leurs activités d’entrepreneures. Ces femmes ont besoin qu’on les aide, qu’on leur donne de la motivation pour aller de l’avant. »
D’après une approche statistique, entre 2022 et 2024, plus de 700 filles et femmes vont bénéficier d’une formation en entrepreneuriat offerte par les ONG Apretectra et Rail-Bénin dans les domaines : gestion comptable et finance, marketing et d’élaboration de plans d’affaires. À l’issue de cette formation, elles recevront aussi du matériel et des équipements répondant à leurs besoins.
Pour y parvenir, ces ONG reçoivent l’appui leurs partenaires à savoir : la Fondation Paul Gérin-Lajoie, le Nouveau Québec sans frontières du ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec, grâce à l’Initiative pour la co-construction d’un savoir commun Sud-Sud et Sud-Nord sur l’Entrepreneuriat féminin (ISEF).
« On mise sur l’entrepreneuriat féminin, parce que c’est la porte d’entrée de l’autonomisation économique des filles et des femmes. C’est un moyen pour les femmes de contribuer à répondre à leurs besoins, de valoriser leur rôle dans la société, de faire valoir leurs droits, d’améliorer la situation économique des familles et de leur communauté. C’est un rôle qu’il faut souligner et qui est très important, et qu’elles le font malgré les obstacles auxquels elles font face, avec conviction et beaucoup de travail. » Explique Christine Simonnet, chargée de projets à la Fondation Paul Gérin-Lajoie.
Raphael Mforlem, Troc Radio Canada.
Written by: Collins Nziemi
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