Alors que la part de réfugiés dans la population mondiale atteint un niveau record et que la guerre en Ukraine a provoqué le déplacement de population le plus rapide et le plus important en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, le chef de l’ONU, António Guterres, a appelé tous les États à défendre l’intégrité du régime de protection internationale, et quialifié la situation actuelle de « sombre tableau déshonorant l’époque ».
En ajoutant au drame ukrainien les femmes, les enfants et les hommes fuyant les conflits ailleurs dans le monde, le nombre total de personnes déplacées de force atteint les 100 millions, a-t-il rappelé.
Cette année, la Journée mondiale des réfugiés est pour le Secrétaire général l’occasion de réaffirmer « un principe fondamental de notre humanité commune », à savoir que « chaque personne a le droit de chercher la sécurité – quels que soient son identité, son lieu d’origine ou le moment où elle est forcée de fuir. »
« Comme chaque être humain, les réfugiés doivent être traités avec respect »
Le droit international est sans appel, « le droit à l’asile est un droit humain fondamental » et « les personnes fuyant la violence ou les persécutions doivent pouvoir franchir les frontières en toute sécurité », a martelé M. Guterres. Elles ne doivent pas subir de discrimination aux frontières ni se voir refuser injustement le statut de réfugié ou l’asile pour des motifs fondés sur leur race, leur religion, leur genre ou leur pays d’origine. Elles ne peuvent pas être contraintes à rentrer chez elles si leur vie ou leur liberté sont en danger. « Et comme chaque être humain, elles doivent être traitées avec respect. »
M. Guterres a ajouté que la sécurité nécessaire à apporter aux réfugiés dans le monde n’était qu’un premier pas. Une fois hors de danger, les réfugiés ont besoin de perspectives, de possibilités de se relever, d’apprendre, de travailler et de s’épanouir ; ils doivent aussi pouvoir rentrer chez eux s’ils le souhaitent ou « reconstruire leur vie ailleurs, dans la sécurité et la dignité », a-t-il poursuivi, rappelant que les réfugiés apportaient un « renouveau » à leurs communautés d’accueil, « contribuaient à leur prospérité » et créaient « une riche diversité culturelle ».
L’exemple de la Côte-d’Ivoire
Dans un message adressé ce même jour, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi a célébré « la force d’âme de millions de personnes qui, bien que déplacées et dépossédées, s’efforcent sans relâche d’améliorer leur vie, celle de leur famille et de leur communauté ».
Commentant ce nombre inédit de réfugiés comptabilisés par l’ONU, il a expliqué que « la guerre en Ukraine, ainsi que des situations d’urgence nouvelles ou persistantes dans des pays comme l’Éthiopie, le Burkina Faso, le Myanmar, le Nigeria, l’Afghanistan et la République démocratique du Congo », avaient contribué à ce « chiffre stupéfiant ».
M. Grandi a déploré un manque de solutions, les déplacements forcés étant plus nombreux que les solutions proposées aux personnes en fuite.
Pour y remédier, il a appelé les dirigeants du monde à travailler ensemble pour trouver des « solutions durables et humaines », citant en exemple la Côte d’Ivoire, où il se trouve actuellement, sortie d’un dur conflit qui a contraint des centaines de milliers de personnes à fuir.
Plus de 310.000 réfugiés ivoiriens – soit 96% des personnes déplacées – sont rentrés volontairement chez eux au cours de la dernière décennie, et en travaillant ensemble, les pays de la région ont pris l’initiative d’intégrer ceux qui ont choisi de rester, en régularisant leur séjour dans leurs nouveaux foyers et communautés.
Le Haut-Commissaire a appelé les pays à s’inspirer de l’exemple ivoirien. « Le monde a le choix : soit il s’unit pour inverser la tendance à la persécution, à la violence et à la guerre, soit il accepte que le XXIe siècle soit celui des déplacements forcés. Nous savons tous quelle est le bon – et intelligent – choix à faire », a-t-il assuré
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