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LES NOMINATIONS AU CAMEROUN, LA CURIOSITÉ DES CURIOSITÉS ET LA CAUSE DE TOUS LES MAUX QUI MINENT L’ADMINISTRATION CAMEROUNAISE
On a même fini par leur donner un timing, à savoir « le 13h » ou « le 17h » tant on est habitué à les faire passer aux journaux de la CRTV-Poste National.
Il faut voir comment les gens s’agitent lorsqu’on annonce des textes du Président de la République, du Premier Ministre ou des Ministres annonçant la lecture des nominations en fin de journal.
Des gens en train de circuler au bord de leurs véhicules s’arrêtent, des personnes à table, des individus dans leurs bureaux interrompent tout pour suivre les nominations.
À peine si certains n’urinent pas dans leurs pantalons et d’autres ne frôlent pas d’AVC.
On s’attend à se voir propulser ou suivre le nom d’un ami proche, d’un parent, d’un frère ou d’une élite du village propulsé à un poste « juteux ».
N’a-t-on pas coutume de dire que quand le frère est en haut, c’est toute la lignée qui est aux anges ?
On commence alors à crier, à danser, à appeler partout comme si on était devenu fou ou comme si quelque chose d’extraordinaire venait de se passer sur terre.
Qu’est-ce que la nomination qui est un acte normal qui appelle à servir, à avoir plus de responsabilités devient quelque chose d’extraordinaire subitement ?
Il faut rentrer dans la réalité de l’administration camerounaise pour comprendre ces youyous et ces fantasmagories.
En réalité, il y a beaucoup d’enjeux de pouvoir et d’avantages qui entourent la promotion aux postes de responsabilité, au point où les gens passent leur temps à courir après pour en faire une affaire de rentes.
Personne ne s’intéresse au travail et au service qui se cache derrière le poste, mais plutôt à ce que rapportera le poste.
On court ainsi après le poste en investissant de l’argent pour le décrocher, en passant par des individus d’influence pour se faire proposer, en portant les habits des partis politiques, en exploitant les sentiers du tribalisme, des sectes et même du sexe et bien d’autres voies peu orthodoxes pour se faire nommer.
Et si en principe la nomination tient compte d’un certain nombre de paramètres comme l’ancienneté dans un domaine, l’excellence ou la probité morale, il n’en est pas question sous nos cieux.
Et c’est à juste titre que les moins compétents sont promus en cascade, les moins méritants, les moins honnêtes, j’allais dire les moins intégres.
Finalement, c’est le règne de la médiocrité et de la malhonnête qui prime pour donner une image chaotique et hideuse à notre administration.
Tant pis pour vous si d’aventure vous vous êtes fixés de principe d’intégrité, de bonne moralité et de rendre service pour ne rien attendre en retour.
Le sort qui est réservé à ce genre de personne, c’est la raillerie, les coups bas, l’humiliation parce qu’elles combattent le système.
« Il faut aller dans le sens du système » si on ne voudrait pas périr.
C’est ainsi qu’on a anormalement transformé ce beau pays pour en faire un univers où règnent en maitres-rois les médiocres devenus importants et très puissants.
Certes, il y a ceux qui sortent du lot pour occuper des responsabilités, mais pas en grand nombre.
On a coutume de dire que la nomination est discrétionnaire, mais je pense pour le bien de notre pays et de nos administrations, il est plus utile que des personnes qu’il faut soient promues aux postes de responsabilité et que des injustices qu’on observe ça et là cessent.
Elles sont contre-productives et n’aident que des individus plutôt que la bonne marche du pays.
Je pense très humblement qu’il est impératif et urgent de rompre avec ces manières pour faire des nominations non des affaires juteuses, mais plutôt des appels au travail pour le développement de notre pays.
Il faut que chacun soit promu sur des bases justes et qu’il s’engage en retour à servir la République de la plus bonne façon.
De la sorte, nous aurons une administration des plus compétentes, des plus productives en terme de bon travail et des plus efficaces pour ce que d’aucuns appellent « la République exemplaire « .
Plus de favoritisme, de tribalisme, de corruption, de pots-de-vin pour le moindre service, d’obligation à arborer les habits des partis ou à chanter les louanges aux hautes autorités pour se faire remarquer et connaître une ascension.
Nominations oui, mais nominations dans les normes, la justice, la compétence, le service à rendre et non pour se servir, asservir et desservir l’administration et la République.
À ce moment là, je pense que personne ne fera la course après les postes et chacun apportera ce qu’il a de plus talentueux et de plus intelligible pour donner à note pays qui devra à son tour récompenser le travail bien fait.
Quoi qu’il en soit, le Cameroun gagnerait à faire ce saut qualitatif vers cette République exemplaire en assainissant ses mœurs dont l’une des tares est cette dérive qui entoure les nominations.
Quoi qu’il en doit, c’est un impératif catégorique si nous voulons devenir un grand pays. On ne cesse de me dire parfois : »Professeur, tu critiques trop et tu n’auras jamais une promotion ». Pour dire qu’il vaut mieux laisser la situation statique pourvu qu’on puisse avoir un poste pour manger. Quelle poubelle d’éthique !
Pour que le Cameroun devienne un grand pays, ce ne sont pas les anges qui descendront un jour brusquement des cieux pour balayer notre maison.
Très modestement et humblement
Written by: C2D
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