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Cour suprême du Québec : double première pour le nouveau juge

today23/02/2023

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Nouvellement nommé par Ottawa, Alexandre Bien-Aimé Bastien est le plus jeune juge dans un tribunal québécois, mais aussi, il est le premier homme noir nommé à la Cour supérieure du Québec. Une décision saluée par divers acteurs du monde juridique, ils estiment que cette nomination est celle d’un juriste souvent cité comme l’un des meilleurs de sa génération.

Alexandre Bien-Aimé Bastien

Lors d’un point de presse récemment organisé à l’occasion de la nomination de l’avocat montréalais Alexandre Bien-Aimé Bastien, porte-parole du ministre de la Justice du Canada a fait savoir : « Le ministre David Lametti est ravi d’avoir nommé Alexandre Bien-Aimé Bastien à titre de juge de la Cour supérieure du Québec. Le ministre est convaincu que ce juriste qui a été décrit comme un talent générationnel servira bien les Québécois dans son nouveau rôle ».

Pour la petite anecdote, le juge Bien-Aimé Bastien, qui s’exprime parfaitement en français, anglais et le créole haïtien, a récemment fait parler de lui comme avocat-conseil dans l’affaire du jeune homme qui a contesté le droit des policiers d’interpeller aléatoirement des automobilistes. La contestation avait été couronnée de succès et la Cour avait ordonné la fin de ce pouvoir arbitraire, car il servait parfois de « sauf-conduit de profilage racial à l’encontre de la communauté noire » (Québec a porté la décision en appel.).

Depuis son inscription au Barreau en 2010, l’avocat criminaliste a notamment représenté l’ancien vice-président directeur de SNC-Lavalin Sami Bebawi, condamné pour corruption d’agent public étranger, ainsi que le producteur Luc Wiseman, accusé d’agression sexuelle sur une mineure. Selon Me Matthew S. Shadley, qui était associé avec au sein du cabinet Shadley Bien-Aimé : « Me Bien-Aimé Bastien a plus de sagesse que son âge pourrait le laisser croire.

Au cours des dernières années, il a travaillé sur certains des plus grands dossiers judiciaires au pays, il a écrit un livre sur le droit, il a enseigné à McGill, il a travaillé à New York, il a été clerc à la Cour suprême du Canada, il a une maîtrise de Harvard… Même à 50 ans, ce n’est pas tout le monde qui pourrait avoir un tel curriculum vitæ ».

Me Annie Émond, qui a représenté avec lui Sami Bebawi dans son procès pour corruption, renseigne que : « C’est une excellente nomination et je pense que la communauté juridique va en récolter de beaux résultats. Alexandre Bien-Aimé Bastien est un juriste d’exception, il n’y a pas de doute là-dessus. Ce ne sont pas tous les juristes qui auraient été à l’aise dans un dossier comme le nôtre. La stratégie n’était pas évidente, c’étaient beaucoup de pression, mais il a réussi à faire le travail de manière exceptionnelle ».

Au sein de la section québécoise de l’Association canadienne, des avocats noirs, ou Me Bien-Aimé Bastien était le vice-président, c’était l’effervescence totale à la suite de sa nomination comme l’affirme la trésorière de la section, Me Patricia Fourcand. « C’est un juriste de grand talent qui a toujours voulu encourager une représentativité de la communauté noire dans le monde juridique, mais en particulier dans la magistrature », Me Fourcand se réjouit de voir actuellement une volonté d’améliorer la représentativité des diverses communautés au sein de la magistrature. « C’est important pour que les tribunaux maintiennent leur légitimité, qu’ils soient le reflet de la population », dit-elle.

Mais pour elle, ce sont assurément les aptitudes personnelles du nouveau juge qui justifient sa nomination. « Je ne pense pas du tout que c’est une nomination de courtoisie ou une nomination politique. C’est probablement un des meilleurs juristes de sa génération », dit l’avocate « Nous sommes très fiers de notre gars ! »

Me Bien-Aimé Bastien est parallèlement membre du Barreau de Trinité-et-Tobago, où il était depuis des années membre de l’étude New City Chambers, qui le consultait au besoin concernant des dossiers locaux. « Ici, nous n’avons pas typiquement ce niveau de spécialisation qu’on retrouve dans les plus gros Barreaux, et il est un esprit absolument brillant », explique Matthew G. W. Gayle, l’un des associés. « Nous sommes très fiers de notre gars ! », lance-t-il au bout du fil.

Alexandre Bien-Aimé Bastien avait travaillé au début de sa carrière pour Dana Seetahal, célèbre avocate trinidadienne assassinée par balle en 2014. « C’était un événement triste et étrange pour moi, parce que je me suis toujours senti en sécurité dans mon quartier. Les gens sont très chaleureux [à Trinité-et-Tobago] et je m’y suis fait plusieurs amis », avait-il déclaré au site spécialisé Droit-inc.com, quelques années plus tard.

À Montréal, l’avocat a aussi siégé pendant plusieurs années au conseil d’administration pour 3 points, un organisme qui forme des entraîneurs sportifs de manière à ce qu’ils jouent aussi un rôle de « coach de vie » auprès de jeunes de milieux défavorisés.

Me Élizabeth Ménard, présidente de l’Association des avocats de la défense de Montréal-Laval-Longueuil, se souvient d’avoir mené son tout premier procès devant jury en équipe avec Me Bien-Aimé Bastien. « Travaillant, brillant, respectueux et rigoureux, il faisait honneur à la profession », raconte-t-elle.

Elle a d’ailleurs fait une prédiction au sujet du nouveau magistrat. « Connaissant sa détermination et son talent, je vous assure que ce ne sera pas le dernier des échelons qu’il va gravir », a-t-elle dit.

Raphael Mforlem, Troc Radio Canada

Written by: Raphael Nforlem

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