Des adieux émouvants, mais loin d’être larmoyants. Après la dernière course de son immense carrière, Allyson Felix, 36 ans, était loin de s’appesantir sur une nouvelle médaille d’or qui lui a échappé, à elle et aux Etats-Unis, dans les derniers mètres du 4*400 mètres mixte lors du premier jour des championnats du monde d’athlétisme à Eugene.
« C’est une soirée que je vais garder dans mon cœur », a déclaré la légende des pistes, qui a glané pour ses adieux d’une 19e médaille mondiale record, avec cette breloque en bronze. Après 20 ans de carrière, ponctuée également de 11 médailles aux JO dont 7 en or, la première ayant été décrochée il y a près de 20 ans, à Athènes, en 2004, on comprend que cette légère déception ait été rapidement effacée par le fait de disputer ses premiers Mondiaux à la maison : « C’était très particulier de pouvoir courir devant le public américain pour ma dernière course. C’était tellement cool. Ma fille était en tribunes. C’est une soirée que je vais garder dans mon cœur. Ce sont de si bons souvenirs », a apprécié la sprinteuse californienne.
« Les Championnats du monde ont toujours été spéciaux pour moi. J’y ai connu de nombreux grands moments. Ça a été cool de finir à la maison, d’entendre ce grondement du public », a-t-elle ajouté en référence aux cris aigus de la foule, tout le long des tribunes à mesure qu’elle réalisait, en 2e position du relais, son tour de piste.
« Je sais que c’est le moment », a-t-elle poursuivi en référence à la fin de sa fructueuse carrière. « Je suis en paix avec le fait d’ouvrir un nouveau chapitre et j’ai une gratitude immense pour ce sport ». Car après tant d’années à lutter contre le chronomètre, Felix s’est désormais trouvée d’autres combats.

MÊME GOOGLE LUI REND HOMMAGE

Ce vendredi, au Hayward Field, ils avaient le visage de sa fille, Carmyn, qu’elle a pris dans ses bras pour lui permettre de toucher la dernière médaille de sa maman. C’est en effet depuis sa maternité mouvementée qu’Allyson Felix a décidé de hausser la voix pour défendre les femmes athlètes. En 2018, alors en pleine grossesse, elle voit son équipementier de longue date, Nike, tenter de réduire ses émoluments de 70%.

AUPARAVANT, J’ÉTAIS TELLEMENT CONCENTRÉE SUR MES PERFORMANCES QU’IL ÉTAIT EFFRAYANT POUR MOI DE PARLER D’AUTRES PROBLÈMES

Dans la foulée, Felix prend la parole publiquement pour dénoncer la politique du géant de l’industrie du sport mondial envers les sportives enceintes. La mythique marque à la virgule plie finalement face à la sprinteuse et jure que plus aucune sportive professionnelle enceinte ne serait plus pénalisée financièrement. Cet épisode est un tournant : « [Cela] m’a aidé à comprendre ce qui était important et à réaliser que je ne pouvais plus rester silencieuse. Auparavant, j’étais tellement concentrée sur mes performances qu’il était effrayant pour moi de parler d’autres problèmes », explique-t-elle au Washington Post en 2019.
Depuis, la sextuple championne américaine du 200 mètres a notamment œuvré à la mise en place d’un système de garde d’enfants sur certaines compétitions. À l’avenir, Felix dit vouloir « continuer à soutenir les femmes athlètes, et les mères athlètes. Continuer à développer le programme de garde d’enfants ». Preuve de sa notoriété, le moteur de recherche Google lui a rendu hommage vendredi avec une courte animation la représentant en train de courir et de monter sur un podium, sa fille dans les bras, autour des qualificatifs « olympienne, mère, militante ». Apparemment, il la connaît bien.
Source: Eurosport